À l’approche de la fin de l’année, le contexte macroéconomique européen reste incertain. Bien que l’horizon semble se dégager, de nombreux indicateurs pointent toujours vers un ralentissement conjoncturel et les craintes de récession peinent à se dissiper. Cependant, malgré le manque de nouvelles encourageantes sur le plan économique et géopolitique, les actions européennes restent bien orientées, en hausse de près de 7.0% depuis le début de l’année, selon le STOXX 600, à fin novembre.
Malgré une Europe au bord de la récession dans certains pays, la plupart des entreprises ont réussi à maintenir leurs profits et leurs prévisions lors des dernières publications de résultats. De plus, contrairement aux crises passées, où les ajustements de bénéfices dépassaient souvent 30%, les révisions pour l’année à venir sont moins dramatiques et ne reflètent pas l’image déclinante du contexte européen.
Il est difficile de savoir qui, de la macro ou de la micro, a raison. Du coup, il est impossible de se figurer que le pire soit encore à venir ou non. Néanmoins, l’instabilité dans laquelle le microcosme européen est plongé nous laisse sceptiques sur la capacité des sociétés à prédire avec autant de précision leur croissance. Il semble plus probable qu’elles adoptent une approche prudente, ajustant leurs stratégies au fur et à mesure que la situation générale évolue.
C’est dans cette dynamique, parfois incohérente, plus volatile et marquée par des dispersions, que les investisseurs et gestionnaires d’actifs devront naviguer pendant les prochains trimestres. Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses sociétés ont bénéficié d’un environnement porteur, notamment grâce à des politiques monétaires accommodantes et un afflux de liquidités. Mais le monde de l’investissement a évolué ces derniers temps. Accélération de l’inflation, hausse des taux d’intérêt, transformations sectorielles et montée des conflits géopolitiques ont transformé le contexte boursier, rendant toute anticipation hasardeuse.
Afin de saisir les opportunités et d’éviter les embûches, les investisseurs doivent rapidement s’adapter en privilégiant une approche active et équilibrée. Les méthodes d’investissement passives et indicielles semblent aujourd’hui dépassées. La flexibilité devient essentielle, avec l’accent mis sur la qualité et la fiabilité des revenus des entreprises sélectionnées. Il est également crucial de filtrer le bruit à court terme pour cibler les facteurs générateurs de valeur à long terme, critère clé pour générer de la performance.
Les récents événements tels que la crise bancaire de mars dernier, le ralentissement récent dans l’industrie du luxe ou encore l’influence grandissante de l’intelligence artificielle ont tous eu des répercussions différentes sur les entreprises. Seule une analyse approfondie et fondamentale aura permis d’identifier les sociétés capables de faire face à ces évolutions selon les secteurs concernés.
Par le passé, le contexte porteur en Europe a facilité la gestion des actions grâce à des approches plus passives. Aujourd’hui, de nouvelles contraintes et normes se profilent à l’échelle macro et microéconomique. Pour générer de la valeur ajoutée, il faudra repérer les entreprises solides financièrement, capables de se réinventer en investissant stratégiquement dans la recherche et le développement, ainsi que dans les infrastructures. Dans ce sens, 2023 aura été une année charnière, signalant les prémices d’une ère où la sélectivité, la diversification et la résilience seront primordiales, tout en insistant sur la qualité et les perspectives de croissance des entreprises.
Gianluca Castrilli
Trillium
Avant de rejoindre l’équipe de gestion de Trillium, Gianluca Castrilli occupait la fonction de chef des investissements, analyste de fonds et conseiller en placement chez Citadel Finance. Il y était également en charge de l’implémentation de l’allocation d’actifs. Auparavant, il a développé son expertise dans l’analyse de fonds auprès de la banque Syz, où il a été responsable de la sélection des gérants ainsi que du suivi des délégations de gestion pour plusieurs fonds de la gamme Oyster. Gianluca est titulaire d’un Master en finance de l’Université de Genève.