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2023: une année de transition?

2023: une année de transition?

Avec une performance de +6.72% (SPI Index) depuis le début de l’année*, les actions suisses se
trouvent en deçà des principales bourses mondiales. En règle générale, le marché suisse des actions
surperforme à long terme les principales bourses mondiales, notamment en raison d’un cadre
institutionnel solide, d’une gouvernance saine et d’une allocation efficace du capital. Dès lors,
comment expliquer cette sous-performance soudaine…

Début 2023, le manque de visibilité à court terme combiné à un inapparent ralentissement
économique a été souvent relevé par les chefs d’entreprises. Cependant, avec des carnets de
commande pleins, les dirigeants projetaient d’atteindre leurs objectifs financiers pour l’ensemble de
l’année. Nous pouvions également déceler un optimisme certain avec l’ouverture de la Chine et un
possible « boost » macroéconomique. De plus, les résultats du 1er trimestre satisfaisants dans
l’ensemble et largement inclus dans les cours boursiers avec une performance pour le marché des
grandes entreprises à +5.11% (SMIC Index) et les petites et moyennes sociétés à +10% (SPIEX Index),
ont probablement avantagé la perception du contexte économique.

Néanmoins, trois thèmes sont revenus avec insistance après le 1er trimestre : déstockage, visibilité et
Chine.

Les entreprises suisses dans le secteur de l’industrie confirment début juin que leurs clients continuent
à déstocker tant sur le marché américain qu’en Europe et que les nouvelles commandes peinent à
revenir. Ce déstockage prendra probablement fin cet été pour les USA et en automne pour le
continent européen. Le contexte est tout autre dans les domaines de l’efficience énergétique, de
l’automatisation et la télécommunication qui restent porteurs.

Concernant la visibilité à court terme, les dirigeants ne projettent pas d’amélioration de la demande
avant le 1er trimestre 2024 au plus tôt. Une attention particulière sera portée aux résultats du 2ème
trimestre 2023 ainsi qu’aux éléments intangibles qui seront communiqués.

Au 1er semestre, la Chine a clairement été la déception des investisseurs. La demande n’a pas atteint
le niveau attendu post-COVID. Une reprise y est néanmoins espérée au 2ème semestre, avec une
politique de relance du gouvernement chinois. Même si le pays est en ralentissement, un changement
rapide peut intervenir dans le sens d’une croissance forte.

Dans ce contexte, les prochaines semaines seront délicates et il est probable que les sociétés revoient
à la baisse leurs objectifs financiers. En outre, nous sommes toujours confrontés à une période de
hausse des taux par les banquiers centraux, tant sur le marché américain qu’en Europe et en Suisse.
Ces derniers définiront les valeurs terminales futures, ce qui continuera à engendrer de la volatilité
sur les titres.

La bonne nouvelle est que les entreprises suisses vont maintenir leurs investissements en CAPEX et
leurs dépenses en R&D au même niveau. En effet, l’innovation a une importance cruciale pour les
sociétés suisses. De plus, la force du franc suisse est résorbée par la valeur-ajoutée des produits
vendus et le « pricing power » structurel que certaines sociétés peuvent avoir. Il est à relever que les
dépenses en R&D sont souvent au-dessus de la moyenne, ce qui donne un avantage compétitif non-
négligeable aux sociétés suisses pour être les gagnantes de demain. Investir dans le savoir-faire suisse,
c’est participer à une croissance future à l’international tout en restant investi en franc suisse avec
une inflation faible.

La société Belimo, leader mondial dans l’efficacité énergétique, illustre parfaitement ce propos. En
effet, l’entreprise profite des tendances à l’efficience énergétique et réglementaire plus stricte tout
en contribuant à la conception de bâtiments intelligents et écologiques. La position dominante de
Belimo sur le marché repose sur l’importance accordée à la technologie et à l’innovation. En
Allemagne, par exemple, ces produits ont très bien fonctionné malgré la hausse des prix du gaz et de
l’électricité. Les Allemands étaient plus enclins à acheter des produits Belimo que d’investir dans des
fournitures Geberit.

Nous continuons de maintenir notre positionnement prudent, déjà mis en place depuis mi-août 2022.
Les entreprises ayant un pouvoir de fixation des prix structurels, des marges solides et une bonne
visibilité sont privilégiées dans cet environnement de marché incertain.

*au 26 juin 2023

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